Stacklands – Un village à la carte

Composé de 4 jeunes développeurs et basé à Utrecht, le collectif néerlandais Sokpop a embrassé la cause indépendante dès sa création en 2017, avec une volonté affichée d’expérimenter tous azimuts sur le média. Grâce à ses propositions ludiques, tout d’abord, qui explorent tous les genres possibles. Parmi la quasi centaine de jeux développés, on trouve pèle-mêle : un jeu d’action et d’exploration spatiale rappelant No Man’s Sky (Helionaut), un MMORPG qui se joue uniquement avec une interface textuelle (Chatventures), un clone de Tetris mélangé à un god-game (bloks) ou encore une sorte de mini-Age of Empires, uniquement jouable à plusieurs en local (King Pins). Et si leurs jeux sont conceptuellement tous très éloignés les uns des autres, ils partagent une esthétique commune qui les rend immédiatement reconnaissables : avec ses couleurs qui pètent et ses ambiances joviales, l’univers Sokpop communique une bonne humeur galvanisante.

Le collectif se démarque également par son mode de financement inhabituel. En effet, Sokpop a fait le choix inédit (en 2017) de proposer un abonnement mensuel via Patreon : pour 3$ par mois, chaque personne qui y souscrit gagne l’accès à leurs nouveaux jeux dès leur sortie sur itch.io et Steam. Et après plusieurs années à développer 2 titres par mois, le studio (sur la base d’un référendum auprès de leurs abonnés) a récemment décidé de ne développer plus qu’un seul jeu, avec la promesse que chaque titre sera plus approfondi et que le temps de développement supplémentaire leur permettra de polir un peu plus leur production. Jusqu’alors, leurs jeux étaient relativement brefs (entre 5 et 30 minutes) et souffraient d’un manque évident de finition, conséquence directe d’un cycle de développement aussi court (15 jours pour créer un jeu, c’est déjà un exploit en soi !).

L’identité Sokpop : des couleurs pétaradantes et une bienveillance chaleureuse.

Stacklands est donc le dernier né de ce nouveau rythme de production et il confirme le bien-fondé de cette décision : le jeu est suffisamment profond pour qu’on y passe quelques heures sans voir le temps passer et son niveau de polish est clairement supérieur à tous les titres précédents du studio. Mais au fait, Stacklands, c’est quoi ?

Imaginez un jeu de construction de village simplifié avec des ressources (bois/pierre/or) pour construire de nouveaux bâtiments, des habitants à faire se reproduire pour augmenter la population de la bourgade et des monstres à combattre en guise d’obstacle à la progression. Ça y est, vous visualisez ? Bon, maintenant remplacez chaque élément cités plus haut par des cartes à placer librement sur un plateau verdoyant et vous obtenez Stacklands.

Chaque partie commence avec un booster contenant toujours les mêmes cartes : un villageois, un morceau de bois, un rocher, un buisson avec des baies et une pièce d’or. Glissez la carte du villageois sur celle du rocher et il la transformera en pierre, matériau de base servant à la construction de bâtiments. Ou bien placez-le sur le buisson pour qu’il récolte ses baies, indispensables pour nourrir vos villageois. Voilà, vous savez comment jouer à Stacklands !

Les bases du gameplay de Stacklands : simple, efficace.

Le temps qui passe viendra cependant compliquer un peu ces premiers pas simplissimes. Une partie de Stacklands est découpée en journées, à la fin desquelles il est impératif de nourrir vos habitants. Il faut donc s’assurer d’avoir produit assez d’aliments avant la fin du timer car chaque péon qui n’aura pas eu sa ration ne survivra pas à la nuit. Et quand votre ultime villageois trépasse, c’est le game over ! Sachant que chaque action (couper du bois, cuire un plat, construire un bâtiment…) prend plus ou moins de temps, il est primordial de bien s’organiser pour ne pas en perdre.

Pour vous aider à progresser, un magasin permet de vendre quasiment n’importe quelle carte du plateau et de réinvestir les pièces d’or ainsi gagnées dans l’achat de boosters pour obtenir de nouvelles cartes. Le jeu oriente discrètement votre progression en vous donnant de petits objectifs à accomplir pour débloquer de nouveaux paquets thématiques (un centré sur la cuisine, un autre sur l’exploration, etc.), une façon maline d’encadrer et de guider le joueur sans complètement lui tenir la main.

De plus, des cartes « idées » peuvent apparaître dans les boosters et donner des indications sur comment construire un bâtiment ou cuisiner certains plats. Si les premières recettes sont simples et relativement évidentes, les plus avancées sont suffisamment complexes afin qu’on ne tombe pas dessus en empilant les cartes au petit bonheur la chance. Stacklands récompense également l’expérimentation, certaines cartes n’ayant pas de recette donnée par le jeu. N’hésitez donc pas à empiler des cartes ensemble, vous aurez peut-être une surprise !

Un plateau bien organisé (mais plus pour très longtemps).

L’empilement des cartes, parlons-en justement. L’organisation totalement libre du plateau est l’un des points forts du titre et surtout un plaisir de chaque instant. Quelle joie indescriptible de former de petites piles de cartes bien ordonnées avec un « plop » des plus satisfaisants ! Quel délice de voir sa colonie ronronner au bout de quelques lunes, avec ses villageois qui charbonnent, ses feux de camps qui mitonnent de mignons petits plats et ses animaux qui nous abreuvent de matières premières à transformer ! Cependant, le plateau ne reste jamais très longtemps bien ordonné, l’apparition de cartes monstres se chargeant de venir foutre un gentil boxon dans notre organisation millimétrée.

Devant l’excellente réception commerciale du titre, les membres de Sokpop ont d’ors et déjà annoncé qu’ils ajouteront du contenu au titre (chose qu’ils ne font jamais, habituellement) dans les mois qui viennent. De nouvelles cartes sont au programme, évidemment, mais aussi de nouveaux événements qui interviendront en cours de partie. Attention, ces ajouts s’accompagneront d’une hausse de prix pour les nouveaux acheteurs, il n’est donc pas trop tard pour craquer tant que le jeu est au prix ridicule de 3.99€ !

Stacklands est un puzzle-game déguisé en jeu de cartes, lui-même déguisé en village-builder, qui demande une bonne dose de micro-management pour progresser mais qui sait récompenser le joueur investi grâce à son univers charmant, ses bruitages très satisfaisants et sa difficulté modérée (préférez l’option « Journée longue » pour une première partie qui laisse le droit à l’erreur).

Stacklands – Jeu de cartes/Village-builderSokpop Collective – PC, Mac (Steam, itch.io) – 3.99€ (pour le moment)

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